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LE MENHIR - LA PIERRE DU DIABLE________
 

La Pierre du Diable de Haillot

    La «  pierre du diable » de Haillot, on le sait maintenant est bien un menhir. C’est une pierre levée et taillée par nos ancêtres les hommes du néolithique, au troisième millénaire avant notre ère, il y a plus de 5000 ans. Ce sont des fouilles préventives et préalables à un futur lotissement exécutées cet été 2007 par l’archéologue Christian Frébutte et son équipe, de l’association wallonne d’étude des mégalithes, qui ont permis d’affirmer avec certitude l’origine de la pierre. Selon les conclusions de ce dernier, le menhir a été abattu intentionnellement à une époque encore indéterminée et comme en témoignent des traces de labour, il fut oublier pas mal de temps dans cette position. Pendant le 19è siècle, encombrant sans doute l’aménagement du chemin, il est à nouveau manipulé et enterré dans le fossé, mais à demi immergé. Les fouilles ont permis de retrouver l'emplacement précis où se dressait la pierre, attestant ses origines de pierre levée. Un fragment de hache polie en pierre volcanique, typique du 3e millénaire avant Jésus Christ, trouvé à cet endroit atteste  également l’âge de la pierre.

    Ces monolithes sont présents un peu partout dans le monde. On trouve des menhirs dans plusieurs régions d’Europe, avec une concentration particulière en France. L’allure anthropomorphe plus ou moins affirmée, conforte les archéologues à émettre l'hypothèse d'un culte des ancêtres ou de la représentation d'un chef ou d’un personnage important lors de sa vie. Limites de territoires, monuments funéraires, lieux de cultes ou de dévotions, le mystère reste complet. Néanmoins en fonction de l’énergie déployée pour mettre en œuvre ces monuments et leur relative rareté, on peut penser que leur symbolique fut d’importance pour les populations de l’époque. S’il est acquis que les dolmens et autres allées couvertes étaient des sépultures collectives, ces dernières ont sans doute été relativement bien respectées au fil des siècles. Même si à certaines époques, et pour quelques peuplades de passage le culte des morts fut moins vivace, ces monuments ont surtout subit les outrages du temps. Par contre, les pierres plus ou moins taillées des menhirs et des alignements ont souvent été détruites, concassées ou diabolisées. Une fois leur destination et leur signification oubliée, rien ne s’oppose à leur destruction. L’église et le clergé ont contribué depuis les premiers siècles de notre ère et jusque récemment, à entretenir le mite diabolique de ces monuments «païens» et provoquer la destruction de nombre d’entre eux.  Souvent, s’il existait un attachement et un attrait inconditionnel de la population envers une pierre particulière, elle fut sacralisée en y gravant une croix ou en l’intégrant dans un édifice religieux. Le menhir de Haillot revêt un caractère assez unique dans notre Condroz. Mais une autre pierre, à quelques centaines de mètres au nord, le serait encore bien plus si l’on découvrait un jour l’origine mégalithique de la pierre saint Mort, intégrée dans la chapelle dédiée à la dévotion du saint. Pierre qui fut le siège et l’oreiller de l’ermite selon la légende. Au contraire de la pierre du diable, la pierre saint Mort assimilée à la légende du saint ermite, ne pouvait être détruite sans entacher le mythe. Depuis le moyen âge, saint Mort était au centre d’une grande dévotion toujours vivace pour de nombreux pèlerins encore présents aujourd’hui à Haillot .

    Pierre de Légende



     Plusieurs pierres levées en Belgique (pierre du diable de jambes détruite il y a quelques dizaines d’années) et en France porte le même vocable de « pierre du diable ». Chez nos voisins Français, les légendes liées à ces mégalithes se ressemblent souvent. Au moyen-âge ou dans un lointain passé, le brave paysan local tourmenter après une rencontre singulière, au cours de laquelle celui-ci vend son âme au « diable » est le personnage central de l’histoire. A la suite d’un violent orage et de conditions climatiques extrêmes, le couple de paysans voit leur maison à moitié détruite ou la grange incendiée. Notre homme, d’un âge certain se lamente de ne pouvoir reconstruire son bien à temps pour stocker sa précieuse récolte de l’année. Seul, méditant sur son sort, il rencontre au détour d’un chemin un énigmatique personnage qui lui promet de reconstruire son bien en une seul nuit, avant le chant du coq, à la seule condition de lui vendre son âme. Et le brave homme incrédule accepte le marché. Mais la nuit ou s’exécute le pacte, suivant l’avancement des travaux, l’imprudent inquiet sur son sort ne trouve pas le sommeil et se tourmente dans son lit. Sa femme le connaissant, le questionne et parvient à connaître l’histoire. Voulant garder son mari et assurer le salut de son âme, l’esprit rusé de la dame n’allait pas tarder à trouver la solution. le Diable avait promis de terminer le travail de reconstruction avant le chant du coq, il suffirait de guetter le moment opportun, et de réveiller le coq  juste à temps pour qu’il chante le lever du jour avant l’heure. Peu avant l'aube, la fermière brandit une chandelle sous le nez du coq, et celui-ci se mit à chanter comme à l’accoutumée, au moment où le démon portait sa dernière pierre, créant la défaite du malin et assurant le salut de notre homme. Furieux de s’être laissé dupé, le Diable lance la pierre loin de lui et celle-ci se plante dans le sol.
    La pierre de Haillot, mesurant un peu plus de 2 mètres de haut et d'un poids avoisinant les 4 tonnes et demi, est un imposant bloc de poudingue, un conglomérat compact de galets soudés par un ciment naturel. Cette p
ierre est probablement local, non importée. On retrouve celles-ci dans la région, flottant dans les couches argileuses ou affleurant le sol. Il est impossible de tailler cet amalgame de galets ; seul une extrémité a été grossièrement rabotée pour donner un équilibre à la partie supérieure du monument. Partout dans le monde, on assiste à un pillage et à une destruction importante des symboles des civilisations passées. A Ohey, les responsables communaux actuels se tournent résolument vers la sauvegarde du patrimoine. En vue du futur lotissement, le chemin avait déjà reçu la dénomination « rue pierre du diable ». Tout naturellement, l’étape suivante était la remise en valeur du menhir. Comme le firent sans doute  nos lointains ancêtres, les villageois mobilisés pour la cause, ont pu remettre en place et redresser la pierre symbolique.




   








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