| Légendes_________________________________________Paul Erève |
| LES PIERRES DU DIABLE DE ROYSEUX______ |
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Tiré
du livre " Le
Hoyoux et ses confins Montueux " de Paul Erève - Edition Foncoux
1949.
Autrefois, dit-on, le castel de Royseux que nous signalons ainsi coquettement posé dans l'écrin de la vallée au bord de la rivière, était perché en nid d'aigle au sommet d'une colline voisine probablement sur les contreforts rocheux que l'on connaît sous le nom de Sur Royseux. Mais aucune trace de substructions féodales ne subsiste sur cet escarpement aujourd'hui embroussaillé. Il y a de cela très longtemps, si longtemps que l'histoire elle même n'en a nulle souvenance, le seigneur de Royseux était l'objet des tracasseries ou des persécutions de la part du démon qui le tourmentait pour lui dérober son âme. Un jour, la tentation
fut plus pressante que
jamais. Tous les chevreuils avaient disparu des domaines du seigneur,
grand amateur de chasse et, sous la forme d'un vieillard sarcastique,
le diable lui était encore apparu et lui avait proposé un
marché quitte ou double «Si tu veux, je puis faire
revenir le chevreuil dans tes bois... Je puis même rendre tes
chasses les plus giboyeuses du pays... Accepte le contrat et le signe
d'une goutte de ton sang.» Mais le châtelain refusa cette
nouvelle proposition.- Château-ferme de RoyseuxDe diverses manières, renouvelant ses démarches, le Malin revint à la charge jusqu'au jour où, impatienté d'essuyer les refus du seigneur, il lui dit « Tu t'en repentiras ! »Inquiet et voulant déjouer les desseins du Malin, le châtelain s'en vint consulter un saint ermite dans le bois de Saint-Roch, près de Ferrières. Après l'avoir exorcisé, l'ermite lui remit un bâton de coudrier, puis l'envoya immédiatement en pèlerinage à la chapelle miraculeuse de Borgharen, près de Maestricht. Deux jours plus tard, quand 1e-châtelain, revint, un terrifiant spectacle s'offrit à sa vue. La rivière avait envahi toute la vallée et la tour la plus élevée du château était, elle aussi, sur le point de disparaître dans les flots. C'était la vengeance de Satan. Aidé d'une légion de démons, il avait construit en aval de Royseux un immense barrage. En quelques heures, il avait été édifié et la famille du seigneur allait périr. C'est alors que le pèlerin entendit une voix dans son coeur, comme une inspiration du Ciel « Plonge ton bâton dans l'eau! » Alors, tandis que Satan ricanait déjà, croyant qu'allait se réaliser son abominable projet, retentit un épouvantable fracas, un fracas comme on n'en entendit plus jamais depuis. La pression des eaux avait rompu le barrage. Celui-ci fut balayé et même projeté comme par l'effet d'une explosion. Et les flots libérés, bondissant et jaillissant, dispersèrent dans la vallée, en les éparpillant même sur les flancs des collines et jusque sur les berges des affluents des blocs énormes d'une pierre très dure. Le Seigneur de Royseux était sauvé et l'Esprit du mal vaincu une fois de plus.
Le
souvenir du prodige
s'est popularisé jusqu'à nous. La légende de
Royseux est également celle de la pierre, poudingue ou
«Pire di diale» dont les gros blocs gisent au fond de la
rivière à partir du Moulin de Barse jusqu'à
Marchin, de telle sorte que l'on peut presque à coup sûr
situer l'endroit où les suppôts de l'Enfer auraient
créé leur barrage et justifier jusqu'à un certain
point la légende immédiatement en aval du passage
à niveau de Barse, entre les escarpements du Bois de Sechamps
d'une part, et d'autre part, la côte 184, le
précipice
rocheux sous le lieu-dit « Hegereuse », à l'Ouest de
Vierset. A cet endroit, la vallée était si étroite
qu'il fallut tailler dans le roc pour faire passer la route et le
chemin de fer.Ces monolithes à formes presque géométriques dit « blocs erratiques ». se rencontrent sur les flancs embroussaillés de la vallée et sur les rives de deux affluents, le Lilot et le Ry de Wappe. Sans doute, sont-ce là les témoignages de quelque cataclisme volcanique des temps géologiques, à moins qu'ils n'aient été déposés par la fonte d'un glacier. D'où surgissent-ils, puisqu'ils ne ressemblent souvent à aucune roche des alentours ? Ils étaient autrefois beaucoup plus nombreux qu'aujourd'hui; à certains endroits, ils étaient groupés en petites colonies comme des mégalithes. Ils ont été exploités on en a fait des moellons pour la construction des hauts fourneaux ou plus simplement pour les maisons d'habitation des environs. |